Bienvenido a Belleville

Les Triplettes de Belleville

Francisco Marinero | Metropoli
Hay más imaginación y más humor en cualquier secuencia de Bienvenidos a Belleville que en todos los largos de animación de Walt Disney, Don Bluth y DreamWorks de los últimos años. Hay también más riqueza de dibujo, originalidad y perfeccionismo. La película empieza con una falsa película en blanco y negro donde se homenajea a figuras como Josephine Baker y Fred Astaire y donde también actúan Las Trillizas de Belleville, cantantes con mucho swing. Esa película la están viendo en televisión, en Francia en los años 50, una abuela y su nieto: un niño gordito y tristón. La abuela le regala primero un perro y luego un triciclo que marcará su destino: de mayor, el niño rechoncho se ha convertido en un ciclista con piernas hipertrofiadas. Mientras corre el Tour es secuestrado por unos individuos que se lo llevan a América, a Belleville (el paisaje urbano es al parecer una mezcla de Montreal, Toronto y Nueva York). La abuela y el perro siguen su pista hasta allí, donde contarán con la ayuda de las ahora ancianas Trillizas de Belleville. La imaginación de Sylvain Chomet se manifiesta tanto en el dibujo (que evoca el de cómics antiguos) como en el guión (una comedia que parodia el

thriller y las carreras ciclistas), tanto en la creación de personajes (memorables la abuela, el perro y las trillizas) como en la invención de extrañas y un tanto primitivas máquinas y en la utilización de los objetos más diversos con fines distintos a los originales. El espectáculo se sigue con creciente interés no sólo por lo imprevisible de la aventura sino también e incluso más por el humor de cada gesto y de los pocos pasajes hablados (un discurso del general De Gaulle es antológico). Por si no fuera suficientemente divertida, Bienvenidos a Belleville se puede disfrutar sólo visualmente, plano a plano o viñeta a viñeta. Hay que remontarse a los primeros largos de Disney para encontrar parecido esmero e inventiva en la creación, tanto de personajes como de fondos, de paisajes urbanos y rurales. El color se ajusta a cada situación, y la utilización de la música y los sonidos es innovadora.

Plume-noire | Moland Fengkov
Pendant la première partie du film, le spectateur assiste au quotidien de la vieille dame au regard si chaleureux et de son petit-neveu taciturne et mélancolique. Les années passent, ils s'entraînent, alors qu'à l'extérieur la ville change : les voix ferrées, les ponts, les immeubles, la modernité, envahissent le paysage. Jusque sous leur fenêtre. On pense à l'univers de Delicatessen, de Caro et Jeunet : une époque qu'on pourrait situer dans les années 50, mais qui relève plus de l'anachronisme onirique. Où donc se trouve cette mairie du XXIe arrondissement de ce qu'on suppose être Paris ? Dans la salle à manger, les ustensiles et autres détails fourmillent : un gramophone, un réchaud, des coupes, des bouteilles, de vieux meubles bons pour la brocante… Le travail de Evgeni Tomov sur les décors confère à cette première partie l'atmosphère nostalgique d'une époque surannée. On pense au titre, à Belleville, lorsque ce faubourg existait en dehors des murs de Paris, lorsqu'on s'y croyait à la campagne, lorsque du haut de ses collines on apercevait au loin la Tour Eiffel. Mais ce petit coin perdu à la lisière de la capitale n'est pas le Belleville auquel on pense, puisque le Belleville du titre désigne une mégalopole où échouent les héros, sorte de mélange architectural entre New-York et Montréal. En traversant les eaux, le film nous embarque dans une seconde partie qui laisse la part belle aux péripéties et à l'action, dans un monde étrange plus cauchemardesque qu'onirique. Les autochtones souffrent tous d'obésité, les Triplettes se nourrissent exclusivement de grenouilles, et la mafia locale a pour devise « in vino veritas », roule en 2CV et porte le béret… Chomet bâtit son monde sur un mélange de clichés.

Land Luxemburg | Frank Grotz
Les Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet est un dessin animé hors du commun, loin du divertissement spectaculaire et politiquement correct d'un Walt Disney. Au contraire, Chomet s'intéresse aux manies, aux aspects vicieux et grotesques des individus. Ainsi, Madame Souza s'investit à fond dans l'éducation de son petit-fils, à tel point qu'elle finit par faire de lui une machine à pédaler, léthargique, restant pratiquement inexpressif tout au long de l'histoire.

Philippe Serve
LES TRIPLETTES DE BELLEVILLE, par ses multiples références culturelles (dont un bon nombre cinématographiques) et le soupçon de nostalgie qu'il dégage, s'adresse sans doute plus aux adultes qu'aux enfants. Les amateurs des films de Jacques Tati et les amoureux de l'Amélie Poulain et autres Délicatessen de Jean-Pierre Jeunet y trouveront largement de quoi être satisfaits. Mais les "emprunts" et hommages sont loin de se limiter à ces deux seuls cinéastes. Sylvain Chomet lui-même revendique les influences de Fellini, Chaplin, Keaton, De Funès, de la comédie anglaise à la Monty Python ou Rowan Atkinson sans oublier les maîtres de l'animation que furent Tex Avery, Richard Fleisher ou Richard Williams et, en BD, Daniel Goosens, tous grands spécialistes du "timing". Sans oublier les caricatures de Dubout (au "style fait pour l'animation", dixit Sylvain Chomet) à qui on ne peut pas ne pas penser.

L'Express, Le vif | Louis Danvers
Dès les premières images du film de Sylvain Chomet, des échos visuels nous remettent en mémoire les caricatures de Dubout, les aventures des Pieds Nickelés dessinées par Pellos, les gags évolutifs de Tati. Les décors font un peu songer à ceux de certaines bandes dessinées de Tardi, aussi à quelques grands films français des années 1930 et 1940, cet univers à la fois réaliste et poétique auquel Prévert et Carné donnèrent ses lettres de noblesse et qu'aime citer le Jeunet du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain.
Avec ses décors mélangeant allègrement Paris, Montréal et New York, le Vieux et le Nouveau Monde, avec son esthétique très années 50 mâtinée d'années 30, ses références musicales très swing où Django Reinhardt côtoie Charles Trenet et Joséphine Baker, le film de Sylvain Chomet offre une plongée stupéfiante dans un des univers visuels et sonores les plus extraordinaires jamais vus à l'écran. Il n'en faudrait pas beaucoup pour que le cinéaste français rejoigne son collègue et aîné japonais Hayao Miyazaki au nombre des authentiques génies du cinéma d'animation contemporain. Comme l'auteur de Princesse Mononoke, celui des Triplettes réalise en poète, glissant dans son cinéma bien plus que des éléments narratifs (sans doute pas son point le plus fort) et formels (un domaine où il brille par contre), un quelque chose d'indéfinissable et qui redéfinit notre rapport au beau, à l'émouvant, au drôle.

Le quotidien du cinéma | Pierre Lucas
S’il est un nom que vous devez retenir dans l’univers de l’animation française, c’est bien celui de Sylvain Chomet. Aux antipodes de Disney, cet auteur et dessinateur de B.D. également réalisateur fait partie de cette famille qui prend le temps d’installer son univers décalé, qui pense à juste titre que l’animation n’est pas forcément une succession endiablée de plans destinés à un public « play station » ; qui pense que la lenteur peut aller de pair avec les sensations, l’émotion et la poésie. Ce n’est pas un hasard si Les triplettes de Belleville a été produit par les producteurs de Kirikou et la sorcière.

Critiques ordinaires | Joëlle
Sylvain Chomet parvient à consigner une émouvante série de petits gestes du quotidien, de petits tics aussi - celui de la grand-mère qui ne cesse de remonter le verre droit de ses lunettes par exemple. Et surtout, les vieilles triplettes sont savoureusement drôles. On aime leurs numéros de music-hall mais aussi leur pêche miraculeuse - les mamies pêchent à la grenade allemande - et leur manière de se sustenter… Elles ne se nourrissent que de grenouilles, de crapauds et de têtards dont elles font soupes, brochettes, desserts et même glaces qu'elles dévorent amoureusement, déposant un baiser sur la bestiole gelée avant de la dévorer toute entière. Toutes les nationalités en prennent pour leur grade : la grand-mère portugaise chante horriblement mal le fado, les Américains sont énormes, de vrais bidendums par rapport aux Français qui sont Outre-Atlantique vêtus de béret, le nez vérolé par l'alcool, la baguette de pain sous le bras… Le générique de fin chanté par M clôt admirablement cette animation réussie qui renouvelle complètement le genre.

Grabuge | Tino Rubik
Les Triplettes de Belleville est un film d'animation issu des circuits indépendants. C'est l'anti-Disney ! Pour être tout à fait exact, c'est de l'animation de caricatures, comme si les dessinateurs des meilleurs journaux satiriques avaient concocté un film. Et ce n'est pas seulement formel, le ton n'est pas dénué de politique : au moment où les relations franco-américaines sentent soi-disant le roussi, Sylvain Chomet grossit le trait et présente les frogs à travers deux énormes clichés, le Tour de France cycliste et le pinard, la rencontre de l'un et de l'autre étant d'ailleurs une excellente trouvaille. Un graphisme d'une grande originalité, une musique guillerette et un brin de nostalgie font la qualité de ce dessin animé débordant d'humour. Malheureusement quelques longueurs trahissent la volonté d'en faire à tout prix un film rentrant dans les formats de distribution grand public. Les Triplettes de Belleville aurait pu faire un excellent moyen-métrage, mais il n'aurait pas été alors ce souffle de fraîcheur, plébiscité par tous en ce début d'été.

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